Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier (1886-1914)
A l'ère des Harry Potter et autre magiciens en herbes, revenons un peu en arrière ... pas très loin, juste au début du XXème siècle.

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Alain-Fournier,
prise en septembre 1905
à la Chapelle d'Angillon ,
il a alors près de 19 ans.
"Le Grand Meaulnes" n'est pas de ces classiques ennuyeux que l'on lit par obligation et que l'on oublie avec soulagement.
Il est au contraire de ces livres que l'on conserve précieusement pour le relire de temps en temps en espérant à chaque fois y ressentir le charme suranné et merveilleux de l'enfance.

Le lire en étant enfant est le gage d'heures de rêveries et de soupirs
mais le lire à l'age adulte ne fait que renforcer le pouvoir évocateur de ce roman construit sur la force de l'espoir et la tragique réalité du temps qui s'efface et qui jamais n'arrête son cours.

Alain Fournier, fils d'instituteur, était poète à ses heures perdues
et sa mort prématurée (à 27 ans) nous a sans nulle doute privé d'un grand romancier même si celui qui disait "je ne demande ni prix, ni argent,
mais je voudrais que Le Grand Meaulnes fût lu." a vu se réaliser son rêve au-delà ce ses espérances.

Au départ de ce roman, il y a une rencontre et une nature fantasque et sensible.

La rencontre à lieu en 1905 à Paris où le jeune Alain Fournier aperçoit une jeune femme qui sera dès lors sa 'Beatrice'.
Une jeune femme avec laquelle il aura une conversation secrète et enflammée lors d'un inoubliable après-midi ... une jeune femme qui – tout comme la Béatrice de Dante – en épousera un autre et deviendra donc la quête impossible de l'amour idéal. Epris d'absolu, poète dans l'âme et de nature sensible,
la courte vie d'Alain Fournier se cristallisera alors dans l'image de cet après-midi de ses 19 ans où rêve et réalité se sont confondu l'espace d'un battement de coeur.

C'est donc avec ses souvenirs d'enfance et cette rencontre qu'il écrira "le Grand Meaulnes", roman à la fois paysan et tragique
où se côtoie sans cesse la dure réalité de la vie paysanne de Sologne à la fin de XIXème siècle
et le merveilleux d'un domaine sans nom où le temps se serait suspendu.
Yvonne de Quiévrecourt
Yvonne de Quiévrecourt croise Alain-Fournier, jeune lycéen de 18 ans,

Un domaine où Augustin Meaulnes a croisé l'amour en la personne de la Dame de ces lieux - Yvonne de Galais - jeune femme frêle à la beauté surhumaine et presque irréelle.

 

Récit d'une aventure d'adolescent à l'approche du monde adulte, le Grand Meaulnes par son intrigue subtilement révélée par l'ami du Héros - François Seurel – charme le lecteur car il le renvoie toujours à sa propre enfance, à ses propres fantaisies qui – à l'approche d'un château désert – lui aurait fait apercevoir un bal moyenâgeux ou le galop de chevaliers de retour des croisades.

Mais François Seurel sera le seul à passer ce douloureux cap de l'enfance à l'âge adulte sans trop y perdre d'illusions : en gardant une saine nostalgie
et en refusant de s'y perdre.
Meaulnes lui-même s'y perdra, enfermé entre un amour trop idéalisé et une promesse échangée à la fin de l'adolescence.

Ainsi, Meaulnes est parti.
Parti pour d'autres aventures qu'ils nous appartient de rêver... et d'espérer.

Le Lieutenant Fournier en 1913
aux manoeuvres de Caylus
Mobilisé dès la déclaration de guerre, en août 1914, Alain Fournier rejoint le front comme lieutenant d'infanterie. Le 22 septembre 1914, il est tué au sud de Verdun, dans les Hauts de Meuse. Il n'avait pas encore vingt-huit ans

Le site "Alain Fournier"